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La pauvreté de l’Afrique:

9 Juin 2012 , Rédigé par MICHEL NDOEDJE

La pauvreté de l’Afrique:


Un journal Européen a publié un article sur la misère et la pauvreté de l’Afrique, l’article que je considère d’ailleurs de naïveté exécrable. Prétendre que les africains sont paresseux relève tout simplement d’une vision à œillères et d’un manque de discernement sans pareils de mémoire d’intellectuel africain.

Ce journal semble et n’a certainement rien compris au problème de la rétribution du travail sur la planète terre et de la redistribution des richesses. Tenez, produire un kilogramme de cacao au Cameroun demande 20 fois plus de travail qu’un kilogramme de pomme ou de poire pour un prix comparable aux producteurs africain et européen. Une bonne comparaison serait de dire que le producteur européen vend un litre d’eau (parce que la pomme est à 95% constituée d’eau) et ceci après avoir reçu des subventions de l’Etat, au même prix que le kilo de cacao qui demande de défricher, de traiter, de veiller sur les plantes, de cueillir les cabosses  par cabosses enfin de les défaire des fèves, fermenter et 3 à 5 jours de séchage au moins pendant une semaine et demi. Tout ceci sous les pluies et sous un soleil ardant.

Cette comparaison est valable aussi pour la banane douce, le coton et toutes les autres denrées que le paysan est astreint à cultiver pour survivre….et même le pétrole. La Norvège reçoit plus de royalties pour son pétrole que tous les pays africains, pourtant la main d’œuvre y est plus chère !

Ce journal n’a pas compris qu’il y a une double échelle d’asservissement de l’Afrique intentionnellement mise en place par l’occident. Le premier palier de l’échelle est de faire de l’Afrique une prison à ciel ouvert et des africains des esclaves qui y produisent la matière première pour leurs industries. Ils déterminent les prix et décident de ce que le brave paysan obtient de son travail. La chose est bien connue ! Par ce jeu de prix, l’occident s’assure un approvisionnement à moindre coût pour dégager la meilleure marge possible lors de la transformation industrielle au nord et créée des richesses.

Le second palier est cette la perpétuation d’un système de type colonial (néocolonial) où l’élite, les hommes politiques s’approprient l’essentiel des ressources de la nation, laissant la populace affamée. Tenez, Monsieur le Directeur de Publication fantôme vous osez parler du Canada : saviez vous qu’un soudeur réalise un revenu de $200 000 CAD/an au même titre qu’un ministre de sa province ? Un travail où vous n’avez pas le stress de la décision comme ce ministre. Qui n’irait pas fièrement travailler pour un salaire comme celui-là et attendre avec fierté le prochain chèque qui crée un mouvement significatif dans le compte bancaire ? Monsieur, on appelle cela de la motivation et j’espère pour vous que vous avez déjà connu cette exaltation.

Pendant le même temps au Cameroun par exemple le salaire minimum est de 28 000 FCFA et dans la plupart des cas moins que cette somme, une fille de chambre ou de ménage touche 15.000 FCFA. Alors que le ministre Secrétaire, le Général de la Présidence des pays l’Afrique Centrale, en plus de leurs salaires qu’ils reçoivent une prime de pétrole de plus 2 500 000 FCFA par jour et tous les autres coups tordus pour s’approprier l’argent du peuple. Ceci leur fait un revenu annuel de plus de $2 000 000 CAD, soit 10 fois plus qu’un ministre d’une province canadienne ! Nous savons tous comment nos ministres brillent par leur inutilité. Quel paradoxe ! Ce n’est pas un fait gratuit, c’est un système international habilement lubrifié et mis en place pour un but précis. En bref, tout est mis en œuvre des moyens les plus malins aux plus brutaux comme la guerre pour priver l’Afrique de capital. Les comptes d’opérations se situent en droite ligne de cette logique, on peut librement transférer l’argent, même dans les mallettes et ensuite 65% de nos réserves de change sont reversées « avec discipline » au trésor public des pays colonisateurs.

On serait tenté de se demander en quoi ceci est pertinent dans la discussion qui nous intéresse ? Eh bien, quand toute la richesse est concentrée aux mains de quelques uns, la monnaie ne circule pas dans toutes les couches de la société et même le plus entreprenant des citoyens ne trouve personne pour acheter ce qu’il produit. Pas de production pas d’emploi et même quand il y a des emplois, ce sont des emplois de 25 000fcfa à 28.000 fcfa ! Le nombre de ceux qui ont des richesses pour acheter étant limité, ainsi que leurs besoins individuels, les basses couches de la société se contentent de survivre et non de vivre le temps qu’ils peuvent et de mourir silencieusement. Vous vous demanderez certainement ce que fait un tel macaque pour mériter un salaire de 2 millions dollars. Eh bien, vous comprendrez que ce sont des serviteurs de la métropole qui sont ainsi récompensés. En plus de cela l’occident crée des conflits pour rendre le milieu défavorable à la sédentarisation  ou au développement du capital et nous savons ou vont nos fonds. En fait on récompense, les nouveaux guérilleros (milices, les Brigades rouges ou noirs), je veux dire un autre type d’armée de torture de la population et empêchant cette population d’ouvrir la bouche, parmi lesquels les ministres menteurs à tous les chocs visibles.

Le surplus de la ressource que cette élite (pas seulement inutile mais nuisible) amasse, est rapidement mis à l’abri dans des paradis fiscaux qui ne se trouvent certainement pas chez nous. Même tenant des leviers du pouvoir, ils savent leur action tellement délétère qu’ils redoutent à tout moment une implosion de la société. Ils savent que le maître noue les alliances au fil de ses intérêts et tout peut arriver à tout moment. D’ailleurs on ne se cache plus pour faire la guerre aux états indépendants ! Voilà donc l’Afrique dépouillée du peu qui l’aurait aidée à subsister le cas de la Côte d’Ivoire, la Libye de Mohammar Kadhafi.

Ce que vous prenez pour de la paresse est tout simplement un refus peut-être inconscient mais collectif de l’asservissement séculaire qui semble être le seul rôle que les Africains soient appelés à jouer dans le jeu de la mondialisation. Savez-vous que même à 100 FCFA de l’heure le producteur de coton ou de cacao ne réalise aucun profit. Saviez-vous que la tasse de café coûte $2 CAD, je veux dire à peu près 1000 FCFA au Canada. Ceci ferait le bonheur du producteur africain si c’était un prix garanti au kilogramme sur le continent noir. Il a surement confondu un découragement général à de la paresse. M. le rédacteur en chef, si un jour vous avez pris un cours de statistique, vous aurez compris que dans toute une population, tout un continent, tout le monde ne peut être paresseux ! Vous mentionnez la Côte d’Ivoire qui jadis était prospère, ceci est la preuve que des cerveaux et des bras étaient à l’œuvre pour produire cette prospérité. En revanche, on peut déplorer le fait que vous ne vous interrogiez pas sur les raisons de sa déchéance.

Revenons encore à cette Afrique paresseuse. Parlez-vous de ces paysans de Moloundou dans la Région de l’Est Cameroun, frontière avec la république du Congo qui vont au champ à 6 heures du matin ou bien de ces braves gens qui déploient des trésors d’inventivité et de créativité dans nos villes et nos campagnes pour nourrir les villes de l’Afrique, contre des gouvernements de rapaces qui ont transféré nos trésors publics et présidence en Suisse ? Parlez vous de ces africains qui ont su élaborer des réponses positives (diversification agricole, recyclage, mototaxis…) face aux crises multiples qu’a traversée l’Afrique pendant que les gouvernants faisaient des démentis à la télévision publique qu’il n’y aura pas de crise ?

Le président Eisenhower disait que l’agriculture pour ne parler que de l’agriculture, semble facile quand votre houe est un crayon et que vous êtes à mille kilomètres d’un champ de maïs. Je connais de ces braves africains dont la journée de travail commence à 4 heures du matin pour se terminer pas avant 19 heures du soir. Un peu de décence vis-à-vis de ces braves gens s’impose. Il est véritablement agaçant de voir des gens qui prétendent être des intellectuels et dont l’analyse s’arrête au premier degré, à faire des constats plats plutôt que des analyses. Les conditions difficiles dans lesquelles les jeunes africains et plus particulièrement les jeunes Camerounais des fonds de l’Est Cameroun, ma région natale font leurs études montrent à l’envi la détermination qui est la leur. Il est donc surprenant qu’après avoir passé ses meilleures années à étudier, on devienne subitement paresseux quand il faut valoriser cet investissement !

Dans chaque groupe, il y a des entrepreneurs et des suiveurs (ceux qui cherchent et gardent un emploi). Ceux que vous traitez de paresseux, sont de potentiels employés qui à défaut de trouver un emploi, gaspillent leur potentiel au coin de la rue à ne rien faire à longueur de journée. Pourriez-vous me dire ce que doivent faire ces jeunes désœuvrés qui peuplent nos villes ? Tous vont-ils être pousseurs ou vendeurs de cigarettes, ou moto-taximen ? Quelles alternatives sont les leurs ? Tous ne peuvent évidemment pas devenir pousseurs, vendeurs de cigarettes ou conducteurs de mototaxis. Le système de débrouillardise, qui se matérialise par la présence du secteur informel présent dans ces nombreux pays (supprimer bout de phase en jaune) est bien la preuve que les africains sont des exemples de courage et de combat et que s’il y a des gens à indexer c’est la classe politique qui brille par son incompétence à définir une vraie politique de l’emploi. Les pays cités dans votre texte comme émergents ont tous et sans exception eu des dirigeants qui ont su donner une direction à l’économie de leurs pays pour générer croissance et développement.

Dans cette logique de domination, faire travailler les jeunes africains risque de dessiner un scénario à la japonaise ou plus proche encore dans le temps à la chinoise. La jeunesse africaine est son plus grand capital, vous l’avez peut-être remarqué mais vous êtes passé à coté de la plaque en perdant de vue que l’occident par le truchement de ses préfets et sous-préfets inhibe volontairement sa contribution au développement du continent Africain.

Les africains sont travailleurs, vous leur avez manqué de respect, surtout ceux des zones rurales qui nourrissent encore l’Afrique de leur sang car ils ne réalisent aucun bénéfice de leur travail. Vu la qualité de l’éducation qu’ils reçoivent, généralement inappropriée et inadaptée au contexte, on ne peut que louer leur ingéniosité et instinct de survie. Comme dit plus haut, l’Afrique n’aurait pas besoin d’être aidée si son travail recevait une juste rétribution. L’incapacité de nos dirigeants à suivre le train de la mondialisation n’arrange pas les choses. Un ministre Camerounais disait à chaud à la suite de la crise de 2008 que le Cameroun ne dépendait pas trop du monde financier et ne subirait pas trop les affres de la crise. Voilà un peu le niveau de compétence dont nous attendons la création d’emploi !

Mettre nos jeunes frères et sœurs au travail, je veux dire à travers une réelle redistribution du peu qui revient à nos états ne se fera pas sans combat certes, mais ce combat n’est pas votre car vous n’avez ni armes ni outils pour. Vous avez cependant réussi une seule chose Monsieur, celle de montrer l’échec de nos systèmes éducatifs qui nous apprennent à penser comme le veut l’occident. En sommes vous avez repris le discours de Dakar de M. Sarkozy en version plus naïve. Le maître doit être fier de vous ! Vous avez pris la forme du moule qui vous a formé sans autre forme de questionnement.

 

Michel Ndoedje

 

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